dimanche 11 janvier 2015

Avoir rien à dire, avoir des millions de choses à dire...

J'avais une petite anecdote de prévue pour mon premier dessin de 2015. En fait j'ai plusieurs histoires en tête et je crois que la production reprendra son cours normal bientôt, mais avec les événements de mercredi, j'ai eu une certaine difficulté avec le fait de prendre le crayon et de dessiner des légèretés.
J'avais tout autant de la difficulté à m'asseoir et dessiner une image de solidarité.

J'ai trouvé que beaucoup de choses pertinentes avaient été dessinées déjà, que je ne connaissait pas assez les victimes pour leur rendre hommage, et que le reste du contexte était gigantesque et pas assez près de moi pour que je sois pertinente.  Je trouvais mon opinion obsolète et c'est toujours le cas. Je n'ai que des émotions, et franchement, elles ont été et sont toujours oppressantes, comme un poids dans la poitrine.

J'ai pris connaissance de la tuerie le soir en arrivant chez moi après un 24h décrochage/plein air chez ma maman.  C'est sur facebook que j'ai vu un premier "Je suis Charlie". Ne connaissant pas encore le contexte, j'ai cru à un de ces jeux des réseau sociaux comme la girafe ou le truc des mensurations. Bref, je n'y ai pas porté attention tout de suite, mais bien sûr, éventuellement, j'ai appris la chose qui était déjà couverte d'un sentiment de "solidarité pour la liberté d'expression".  Les 4 dessinateurs avaient déjà été érigés en héros et on en était à exprimer son amour et sa solidarité.  Séduite par cette vague sociale, j'ai eu envie, en tant que dessinatrice, de mettre mon grain.  Mais plus je voyais des images passer, et plus j'en apprenais sur le contexte, plus le malaise grandissait.
J'apercevais le sous-texte, le contexte, et j'étais plus que consciente de comment la discussion allait virer: et que cette discussion est plus que nécessaire, qu'elle doit se passer.
Parce qu'il est clair pour moi que la liberté d'expression de certaines strates de population n'est pas dut out menacée: elle va très bien et même qu'elle se fait la partouze du siècle. Et que en tant que personne blanche, éduquée, dans un pays pas trop défavorisé malgré ses travers, dans cette discussion, mon plus grand devoir était de me taire et d'écouter.

Et c'est ce que j'ai fait dans les derniers jours. J'ai lu des choses intelligentes, des banalités, des choses révoltantes, j'en ai appris sur Charlie, sur les dessinateurs morts, sur le malaise de la population musulmane.

J'en ai eu froid, le souffle coupé, j'en ai pleuré.

et là j'en dis quelques mots, comme si je participais un peu à la conversation, en sachant que la justice sociale ne s'effectue pas dans les déclarations, mais dans les geste concrets d'ouverture à l'autre qu'on peut tenter au quotidien, au meilleur de ses capacités et de sa bonne foi.


Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire